ARTICLE PUBLIÉ PAR TOURNON REPORTER
Après avoir frôlé la liquidation judiciaire en 2013, la briqueterie de Monsempron-Libos est repartie vers la croissance avec une nouvelle stratégie : le haut de gamme !!!
La briqueterie de Monsempron Libos fait partie du patrimoine industriel du Fumélois. Elle fut créée en 1910 sous le nom de Société de Produits Réfractaires de Fumel et Libos. Cette unité fut dotée dès le début de sa création d’un grand four Hoffman. Les matières premières étaient proches dans le Fumélois avec la carrière du « Brétou » riche en alumine et le client était juste là : l’usine voisine de Fumel, Société Métallurgique du Périgord à l’époque, qui utilisait les revêtements réfractaires pour ses hauts fourneaux.
350 salariés en 1972
En 1955, la petite entreprise s’est bien développée et fait place à une grande usine qui appartient désormais à Pont-à-Mousson, la Société Générale de Produits Réfractaires (SGPR). En 1972, l’usine de 1910 est détruite pour créer une unité plus moderne qui accueille 350 salariés. Lafarge Réfractaire en prend le contrôle en 1981. Ces année-là sont un moment charnière dans le monde du réfractaire avec un changement stratégique de taille. L’entreprise cesse de produire des éléments qui se renouvellent au plus près du feu pour se lancer dans le produit isolant. Mais ce dernier nécessite une fabrication plus longue et moins de personnel !
De surcroît, le marché devient de plus en plus concurrentiel à l’aube du nouveau siècle avec l’arrivée des Pays de l’Est et un peu plus tard de la Chine. La briqueterie supporte mal cette période et changera à neuf reprises de propriétaire jusqu’en 2003. Plusieurs personnes tentent de la reconstruire en partant de presque rien. En 2007, quatorze salariés se lancent mais commettent l’erreur de vouloir faire de la production de masse plutôt que de la qualité. En 2010, Mesmain Berragnes, qui faisait partie de la tentative de 2007, reprend les rênes de la société qui devient Tellus Ceram.
Monter en gamme
Un plan social fait chuter les effectifs en 2013 mais parait inévitable au nouveau patron « On n’avait pas le choix, il fallait changer complétement notre fusil d’épaule. Cela a été douloureux mais c’était au prix de la survie de l’entreprise » explique-t-il. Sa stratégie est simple : Monter en gamme pour aller chercher de la marge. « On ne pouvait pas lutter sur les prix, donc on a misé sur notre expertise des produits les plus techniques ». Le redémarrage est difficile car il faut aller chercher de nouveaux clients et les salariés doivent adhérer au projet en plein plan social.
Mais peu à peu, la stratégie fonctionne, et l’activité redémarre. « Je ne vends pas de la brique, je vends de la confiance » résume Mesmain Berragnes. La société de Monsempron a un vrai savoir-faire reconnu dans le monde entier et produit des pièces achetées par les plus grandes entreprises du secteur comme Saint-Gobain, Péchiney, ou Areva. Elle se focalise sur le haut de gamme et propose des produits « de haute-couture » que ses concurrents ne savent pas fabriquer avec une telle technicité.
L’avenir est maintenant dégagé avec presque un million de pièces vendues dans le monde entier et presque deux millions de chiffre d’affaire en 2015. D’ailleurs, Tellus Ceram va bientôt ouvrir une nouvelle ligne de production et compte bien embaucher à nouveau du personnel.
« Rien n’est jamais acquis mais avec 23 salariés on a retrouvé l’effectif présent avant le plan social, preuve d’un certain renouveau de l’entreprise. Et on recommence à investir dans l’outil de production » conclut Mesmain Berragnes.